Le message d’Osho – plus actuel que jamais!

Il y a 35 ans, Osho quittait son corps laissant derrière lui des milliers d’entretiens couvrant tout, de la quête individuelle de sens aux problèmes sociaux et politiques les plus urgents auxquels la société est confrontée aujourd’hui. Il parlait tous les jours pendant une à deux heures, en présence d’un auditoire de 2’000 à 3’000 personnes.

Ces entretiens – réponses aux questions de ses sannyasins ou commentaires de textes fondateurs des grandes religions – étaient reçus en état de méditation. Le choix des mots, le flux des paroles lent et ponctué de silences, le timbre de la voix, l’espace de communion avec l’auditoire transformaient ces entretiens en transmissions spirituelles : le mental occupé par les mots, la voie était libre pour laisser s’épanouir une qualité d’être, une qualité de présence éveillée.

Je me suis assise devant Osho pour la première fois en septembre 1980 dans son ashram de Pune. J’étais intimidée, c’est le moins qu’on puisse dire. Fraîchement émoulue de l’université, je me trouvais dans l’univers totalement déphasé d’une Inde encore moyenâgeuse, en présence d’un homme dont on m’avait dit qu’il était illuminé, un guru qui attirait des adeptes du monde entier.

Mais là, sur le sol de marbre blanc du hall de méditation, le stress s’est évanoui instantanément et je me suis sentie tout simplement à ma place : l’évidence d’être exactement là où je devais être à cet instant même dans le monde, la sensation d’être entière, d’être à la maison, en moi et sur cette planète et profondément en paix avec moi-même, passé présent, futur et tout ce qui en fait partie. L’empreinte de cet instant est toujours en moi, fraîche et précise, mais tellement riche et complexe que les mots ne peuvent pas la contenir.

Je dirais qu’à cet instant, Osho s’est révélé en moi, dans ce sens que tout m’est apparu baigné dans une luminosité dorée, lui, les personnes autour de moi, les arbres du parc, le chant des oiseaux et l’espace… Tout est un, de la profonde relaxation et du sentiment de plénitude jaillit une jubilation, une gratitude sans limite et un amour joyeux, pour rien et pour tout. Ni oui, ni non, pas de questions, pas de réponses et surtout aucun but à atteindre. La paix est l’une des dimensions de notre essence. Elle est inscrite en nous, elle est toujours là, disponible, comme une amie à la patience infinie. Elle n’est donc pas un but à atteindre, elle est une ressource innée à (re)découvrir.

Attention, si l’on en fait un idéal à atteindre, il y a bien des chances que cela devienne un devoir de faire. Passe encore œuvrer pour la paix en soi, mais autour de soi ? Un travail de Sisyphe, la malédiction de Tantale. C’est à coup sûr s’exposer à la culpabilité de ne pas y parvenir ou de ne pas en faire assez et en fin de compte on ne fait que nourrir une personnalité qu’on estime exemplaire au lieu de libérer les qualités essentielles du soi. C’est en réalité une attitude arrogante envers la vie qui nous propose le jeu de la dualité. De l’alternance entre l’expérience de la paix et de la non-paix, émerge une nouvelle dimension, celle de la sérénité.
Vouloir la paix à chaque instant et partout, est une preuve d’aveuglement. C’est un enfermement égotique dû à la peur de souffrir et de mourir, au refus d’être malaxé et transformé par la réalité.

Si nous souhaitons réellement être en paix et atteindre la sérénité, c’est le chemin vers notre essence que nous devons trouver. Nous devons renoncer au combat, car à l’évidence, on ne peut pas être aux deux endroits en même temps. Peu à peu, en cheminant sincèrement vers le cœur de nous-mêmes, en conscience et en bienveillance, nous débroussaillons les strates des croyances et guérissons les blessures qui nous maintiennent à la périphérie. Nous distinguons nos illusions et acceptions mieux la réalité.

Ce qui s’est passé pour moi en présence d’Osho s’est produit pour des dizaines de milliers de personnes. C’est un phénomène naturel. La présence d’Osho était si authentique et moi si disponible, que l’effet miroir m’a éveillée à ma propre essence. Oui, la rencontre avec un maître éveillé est une chance à ne pas manquer. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Une telle rencontre marque seulement un départ, une orientation, une possibilité, car une fois éloigné du rayonnement du maître, on retombe dans sa propre réalité. Et c’est là que commence le travail. Ce n’est pas un travail de transformation, car on ne peut que se transformer au niveau de sa personnalité, changer de forme. Le travail que propose Osho est un travail de libération de l’essence, de réalisation de soi, et l’essence par nature est divine, lumineuse, parfaite. Il n’y a pas à la transformer et d’ailleurs sa nature est inaltérable. C’est la raison pour laquelle on la compare à de l’or.

Il s’agit de se permettre d’être libre d’être soi-même. Techniquement, il s’agit de se libérer du sur-moi, d’explorer ses propres ressources, d’accepter de ne pas être parfait et d’offrir sa contribution au monde du mieux qu’on peut. Entre autres. Être à l’affût du bien-être, de la paix et du bonheur pour soi et les autres. Ne pas le vouloir, mais être en gratitude quand c’est là.

Le chemin est individuel. A nous de prendre la responsabilité de ce que nous manifestons dans le monde. Si ma présence inspire la paix, le monde autour de moi y sera sensible et y répondra soit en l’amplifiant, soit en la combattant. Il est impossible d’imposer la paix. Voyez la situation géopolitique dans le monde. On peut combattre pour la paix jusqu’à ce que l’un des protagonistes soit à terre, mais aucune loi, aucune dictature ne peut imposer la paix. La paix doit pouvoir être choisie librement et pour qu’elle se réalise, la situation matérielle doit le permettre.

« Je ne vais pas vous donner de destination.
Je ne peux que vous donner une direction vers l’éveil, palpitante de vie,
inconnue, toujours surprenante, imprévisible.
Je ne vais pas vous donner de carte.
Je ne peux que vous donner une grande passion pour la découverte ».

Osho

Le chemin est individuel. A nous de prendre la responsabilité de ce que nous manifestons dans le monde. Si ma présence inspire la paix, le monde autour de moi y sera sensible et y répondra soit en l’amplifiant, soit en la combattant. Il est impossible d’imposer la paix. Voyez la situation géopolitique dans le monde. On peut combattre pour la paix jusqu’à ce que l’un des protagonistes soit à terre, mais aucune loi, aucune dictature ne peut imposer la paix. La paix doit pouvoir être choisie librement et pour qu’elle se réalise, la situation matérielle doit le permettre.

En fin de compte il y a plus à défaire qu’à faire sur le chemin de la félicité, puisque la félicité est notre vraie nature et que tous les possibles sont inscrits en nous.

« La vie devient un enfer lorsqu’on l’approche par l’ego. Parce que cette façon de voir est contre tout : le je ne peut demeurer je seulement tant que l’ego est séparé et en opposition avec l’existence. Se vivre comme je est une lutte et un combat contre l’existence. L’effort nécessaire crée de l’anxiété et un sentiment d’agonie. Cela fait naître la peur de la mort, d’être détruit. Il existe un centre dépourvu d’ego, à partir duquel nous pouvons voir le monde. »

Osho « Random Thougths ».

Pour atteindre notre intériorité, Osho propose deux outils fondamentaux. D’une part, l’observation consciente, sincère, neutre et bienveillante de soi et d’autre part les techniques de méditation actives totalement révolutionnaires qu’il a créées.

« Si une personne s’éloigne d’elle-même, il faut qu’elle devienne sourde à sa voix intérieure ; sinon, cette voix l’attirerait à l’intérieur de soi, parce que son paysage intérieur attirerait son regard.

Peu à peu, nous mourons complètement à notre intériorité – et nous pouvons très facilement nous éloigner de plus en plus sans que rien ne s’y oppose. Et plus nous nous éloignons, plus nous récoltons le bruit et le marasme qui nous entoure. Puis, après avoir suffisamment souffert, épuisés, nous désirons ardemment retrouver notre chemin vers notre centre et devons retraverser tout le commerce et le marasme que nous avons créé nous-mêmes. Mais si vous demeurez calmes et courageux, vous pouvez traverser cette foule, parce que cette foule est très faible, alors que votre voix intérieure est puissante.
Si vous parvenez à établir un contact avec votre voix intérieure ne serait-ce qu’une seule fois, vous deviendrez le maître d’infinies ressources. 

Osho : « Listen to the Song of life ».

La conscience de son intériorité est un état de méditation, un état de paix. Pour Osho, il est évident qu’avec l’agitation croissante de la vie contemporaine, on ne peut pas demander à quelqu’un de simplement s’asseoir et entrer en méditation. Nous sommes trop stressés, on s’est égaré trop loin de soi. C’est pour cette raison qu’Osho a créé des techniques de méditation actives dont les plus connues sont la Dynamique et la Kundalini. Ces méditations actives sont toutes bâties sur une même structure en 4 phases induites par de la musique composée à cet effet. Deux phases très actives, chaotique puis de la danse libre et deux phases d’immobilité et d’introspection, d’abord en position debout ou assise, puis couchée. Ne rien faire, laisser le corps reposer sur le sol, regarder passer les pensées comme des nuages sur un ciel bleu serein. Dans cet état de méditation, dans un endroit protégé, notre conscience devient le miroir du monde et notre esprit entend le chant de la vie. Nous sommes en paix et créons ainsi le terreau nécessaire à notre créativité.

Je suis particulièrement heureuse de l’occasion qui m’est donnée ici de parler d’Osho, car j’ai enfin mis un route un projet qui me tient à cœur depuis très longtemps et dont le processus s’est déclenché dernièrement, à la suite de la sortie du film Wild Country sur Netflix. Si le film montre bien comment deux communautés qui cherchent à vivre en paix à leur manière en viennent à se faire la guerre, il ne dit rien sur le message spirituel d’Osho. Pourtant, nous avons été des dizaines de milliers à le suivre et pour beaucoup d’entre nous, il a eu un impact déterminant sur nos vies. Osho est toujours avec nous au quotidien.

Ce projet est un collectif, un livre qui recueille les témoignages d’une cinquantaine de personnes qui ont connu Osho de son vivant ou non, directement ou par l’intermédiaire d’ami-es. La question que je leur pose est la suivante : « Comment le message d’Osho a-t-il impacté ta vie ? » Les réponses sont merveilleuses, les témoignages émouvants, juste un exemple : « Quand j’ai rencontré Osho, ça a été vraiment réaffirmer la vie, c’était comme une petite lucarne qui s’ouvrait, là il y a un soleil qui brille encore et ça a été une clé pour toute ma vie. Parce que des fois t’es de nouveau déprimé, t’écoutes les infos et t’as envie de te flinguer mais tu te dis : il y a une clé, tout ça c’est superficiel, tout ça c’est des choses qui t’impactent mais en fait, t’as toujours une clé de sortie dans tes mains.» Si on tentait de dégager un dénominateur commun à ces témoignages, ce serait « libre d’être moi-même » et libre d’être soi-même est peut-être la seule garantie de paix intérieure.

Voilà, je suis donc avec Osho – pas exclusivement – depuis 45 ans et il est toujours ma première source d’inspiration. J’imagine que c’est parce que c’est celle qui me nourrit au niveau de l’être. Mon compagnon Anand Visarjana et moi-même avons surtout été actifs dans le cadre de l’Espace Keola, mais nous aimerions maintenant faire renaître le Osho Dharmcharya Meditation Center, nom et tâche que nous a donnés Osho en 1997.

Love, life and laughter, que la paix soit avec nous !

 

Article rédigé par Chinta B. Strubin et publié dans le numéro d’octobre 2025 de Recto Verseau.